L’impact de l’être humain sur le changement climatique et sur la cascade de réponses environnementales associées est aujourd’hui largement documenté et reconnu scientifiquement (GIEC, 2023).
L’écologie, terme fondateur de ce collectif, correspond justement à l’exploration des relations entre les êtres humains et l’environnement.
Dans les politiques publiques françaises et européennes, cette thématique apparaît sous le nom plus générique de développement durable. Le terme, émergeant dans les années 1980, est encore inscrit aujourd’hui dans les textes institutionnels.
A son origine, le développement durable se base sur le postulat qu’une expansion de la croissance économique peut aller de pair avec le respect des limites planétaires. Le développement durable est conceptualisé autour de trois piliers fondateurs : la dimension économique, la dimension sociale et la dimension environnementale.
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Dans la pratique, le développement durable s’est traduit par des objectifs de développement durables (ODD, ONU, 2015) visant à appliquer les principes du développement durable à des dimensions applicatives. Ces 17 objectifs (e.g., « éradiquer la pauvreté », « égalité entre les sexes », « vie aquatique »…) qui visent à répondre aux trois piliers du développement durable sont à atteindre pour 2030 et sont transposables à différentes échelles politiques, individuelles ou scolaires (Ministère de l’éducation nationale, 2020).
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Cependant, l’avancement des connaissances scientifiques et empiriques ces dernières décennies ont amené à s’interroger sur le modèle initial du développement durable où en tout cas de l’utilisation qui en est couramment faite (e.g., Curnier, 2017). Il apparaît en effet aujourd’hui illusoire de mener de front une croissance économique internationale et le respect des limites planétaires et de la population mondiale tout en remplissant tous les objectifs de front. Dans cette perspective, le concept de durabilité propose d’illustrer ce renversement de paradigme et de hiérarchiser les multiples objectifs mis en avant dans le développement durable en la dimension environnementale comme prioritaire.
Dans la pratique, la prise en compte du concept de durabilité propose de repenser les ODD avec cette hiérarchisation via le modèle du wedding cake et de centrer prioritairement les pouvoirs d’actions sur la préservation de la biosphère, et la gestion des ressources en eau, puis sur les aspects sociaux et enfin économiques.
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Sans être détaillé ici, un autre concept, celui du donut, est actuellement préconisé par des chercheur.se.s et institutions et propose d’articuler le respect des limites planétaires (le plafond que l’on ne doit pas dépasser pour ne pas perturber à l’excès l’écosystème) tout en respectant un plancher économique et social (socle vital pour chaque humain avec les besoins de base assouvis).
L’application de ces concepts correspond à une durabilité dite « forte » mettant en relation différents impacts des activités humaines et ne considérant pas souhaitable la compensation d’une perte environnementale par un surplus de valeur économique (Boisvert, 2020). Pour illustrer, dans le cadre du concept de durabilité forte, la création d’emplois associée à la multiplication de l’utilisation de jet privée ne pourra pas être acceptée comme une compensation de leurs dommages environnementaux.
Dans cette perspective, le type d’éducation à la durabilité (ou au développement durable, ou à la soutenabilité ou peu importe selon les terminologies employées) que nous cherchons à mettre en avant via ce collectif s’accompagne d’un développement de compétences chez les élèves en accord avec ce changement de paradigme. En écho à nos précédents articles (“Quelles compétences enseigner en EPS pour répondre aux enjeux écologiques d’aujourd’hui et de demain ?”), l’action de l’enseignant pourra viser à faire en sorte de s’immerger, agir, savoir, repenser. En effet, comme souligné par Curnier (2017), dans le cadre d’une durabilité forte, « l’élève devrait apprendre à penser ses décisions et ses actes en fonction des défis de l’Anthropocène, ainsi qu’à se positionner en tant qu’individu responsable, conscient des conséquences de ses choix ».
Plus concrètement, la démarche ne consistera pas uniquement à faire ramasser des déchets aux élèves au cours d’une randonnée mais bien à leur faire prendre conscience de l’impact de ces objets sur les sols, l’eau, la faune, la flore et de réfléchir à la mise en place d’un projet préservant les territoires de l’empreinte de l’être humain tout en prenant en considération les besoins des co-usagers de ces espaces. Différents exemples et réflexions sont et seront disponibles sur le site du collectif afin de faire avancer les réflexions dans cette direction et rendre ces préoccupations concrètes en les traduisant par des contenus disciplinaires et interdisciplinaires adaptés.
Valérian Cece
5 thoughts on “Développement durable, durabilité : de quoi parle-t-on ?”