Pour présenter des cycles d’EPS, des activités de l’AS et des projets interdisciplinaires pertinents, il est essentiel d’avoir une idée claire des apprentissages visés pour répondre aux enjeux écologiques. Ces propositions pourraient être alors un fil rouge, qui nous assurera, une réponse pertinente.
Quelle(s) compétence(s) pertinente(s) à viser pour les élèves ?
De nombreux auteurs se sont penchés sur la question, et la réponse est autant plurielle que diverse. Nous avons fait le choix de nous appuyer sur les propositions de plusieurs auteurs (Lausselet et Zosso, 2021, Wieck et el, 2011, Vare et al, 2019, Lausselet, 2022), pour proposer un cadre dans l’enseignement scolaire.
Tout d’abord, précisons la notion de compétence. Une compétence est la capacité de répondre à une situation complexe. Plus précisément, Spady en 1994 la définit comme la mise en lien de connaissances, techniques, et attitudes qui permettent de résoudre des problèmes complexes. Dans ce cas, avant de nous intéresser aux connaissances, techniques et attitudes, quel problème complexe voulons nous résoudre ?
Le problème complexe, c’est le passage d’un territoire (ancré dans sa culture, son système social, économique, composé d’actions collectives et individuelles, ancré dans un sol parsemé d’autres formes de vie interdépendantes) qui dépasse largement les limites planétaires (avec ses conséquences désastreuses cf cette vidéo qui explique), à un territoire qui adapte ses comportements pour rester dans les limites planétaires et sociales tout en favorisant l’épanouissement. (cf donuts)
Nous rappelons ici brièvement (pour plus d’informations ici), que c’est le mode de vie de la société occidentale, l’extraction excessive de ressource, notre mode d’alimentation, de transport et notre consommation qui sont en train d’engendrer des bouleversements délétères, pour les espèces vivantes (on parle de la 6eme extinction de l’histoire de la vie, avec par exemple XX % d’animaux en moins depuis XX années), le réchauffement du climat et les multiples conséquences catastrophiques sur notre vie et celles des générations futures.
Comme le précisent bien Wieck et al en 2011, il est difficile de savoir quelles compétences seront pertinentes dans vingt ans, au regard de l’évolution rapide de la société, et des changements environnementaux qui ont déjà débuté. C’est la raison pour laquelle nous sommes restés dans une idée de problème à résoudre général, qui embrasse une multitude de possibles, sans jamais perdre le cap.
La compétence vise à participer à la résolution de ce problème (très) complexe. Nous vous présentons ici quatre directions complémentaires et interdépendantes, destinées à des écoliers du primaire et/ou secondaire et / ou universitaire pour répondre à l’enjeu écologique :
- Savoir
- Repenser
- S’immerger
- Agir
- Autres
« Savoir »
C’est connaitre, à partir de connaissances scientifiques rigoureuses, le fonctionnement de notre société actuelle, et les conséquences qu’elles a sur les autres vivants, et notre propre vie à moyen terme. C’est prendre conscience de l’impossibilité de continuer dans cette direction, de prendre conscience des conséquences terribles que cela engendrerait. C’est aussi prendre conscience de la complexité du changement, avec ces enjeux (économiques, sociaux, culturels) qui se superposent. C’est prendre conscience de ce qui est problématique dans notre mode de vie, individuellement et collectivement, et notre interdépendance avec ce qui nous environne, élément essentiel à notre vie (respirer, manger…). Enfin, connaître, c’est connaitre l’environnement qui nous entoure, sa flore, faune, géologie, comme moyen de lui donner une existence, prendre conscience de sa richesse et de sa diversité, de sa créativité autant que sa beauté. Connaitre cet environnement, le connaitre toujours plus peut favoriser le temps passé en nature et le souci d’en prendre soin. On traite mieux ce que l’on connait.
Ces éléments sont essentiels, car ils permettent aux jeunes de se rendre compte du problème, de prendre du recul sur notre mode de vie, et les conséquences de ce qui nous est agréable ou confortable. C’est un élément important de connaitre les limites de notre fonctionnement, ainsi que la gravité de la situation, pour désirer agir et changer notre mode de fonctionnement. Cette analyse devrait se porter avec le prisme prioritaire du bien-être du plus grand nombre des vivants, avec une focale autant sur le court terme que le long terme.
« Repenser »
C’est imaginer un monde plus respectueux du vivant. C’est poser nos besoins fondamentaux dans ce monde (manger, respirer, boire, social, économique…), observer ce dont nous dépendons pour y répondre (terre, plantes…). Cartographier ce dont nous avons fondamentalement besoin, et observer ce qu’il est nécessaire de réduire sous peine de ne plus accéder à ses besoins primaires (ou ceux des autres). C’est un levier pour conscientiser la valeur et l’interdépendance de notre environnement (Latour, 2017). C’est poser les bases éthiques et morales que l’on veut dans notre société de demain, en lien avec notre environnement. C’est imaginer un mode de vie individuel et collectif possible et désirable qui ne dépasse pas les limites planétaires.
Ces éléments sont essentiels car ils permettent aux élèves de concrètement penser aux alternatives, de devenir acteurs de modes de vie plus durables. Ils permettent de réfléchir sur ses modes de vie, et la direction à prendre pour s’approcher d’un monde durable, conscientisé comme nécessité.
« S’immerger »
Découvrir la nature qui nous environne, et dont on dépend. Être en contact avec l’environnement, favoriser l’émerveillement et le plaisir d’être dans des environnements naturels. Vivre des expériences émotionnelles, corporelles, immersives, pour créer un lien particulier avec ce qui nous entoure. Expérimenter cette nature que l’on veut préserver, et notre lien avec elle.
Ces éléments sont essentiels car ils permettent de donner envie aux élèves de préserver ces lieux qui sont beaux et apaisants, en plus d’être nécessaire à notre vie. Donner envie d’agir, favoriser le bien-être.
« Agir »
Faire agir les élèves concrètement dans des projets pour faire changer les choses, à l’échelle locale ou plus globale.
Cet élément est très important pour montrer aux élèves qu’il est possible d’agir, de leur apprendre à le faire, sous forme de travail collectif coopératif. Pour préparer leurs actions potentielles en tant qu’adulte. Cela leur permet également de moins tomber dans l’éco-anxiété en devenant acteur du changement.
Les quatre thèmes évoqués précédemment supposent des compétences méthodologiques et sociales transversales, que chaque discipline, chaque projet peut et devrait intégrer dans son processus, car permettant de compléter et de renforcer les quatre directions principales. En voici quelques-uns : créativité – imagination – esprit critique – communication – entraide – gestion de projet – savoir accéder à l’information scientifique.
Ces éléments doivent se retrouver dans les autres points cités précédemment comme prérequis pour y répondre, et comme compléments qui permettent d’aller plus loin.
Dans l’article accessible ici, nous présentons comment ces visées éducatives peuvent se traduire en EPS.
Bibliographie
Lausselet, N. (2022). Eduqer à la durabilité de quoi parle-t-on ? Educateur 8
Lausselet, N. et Zosso, L. (2021). Résonner, in Dossier Educateur 10
Latour, B. (2017) Où atterrir ? Edition ?
Spady WG (1994). Outcome-based education : critical issues and answers. American association of school administrators, Arlington.
Wiek, A., Withycombe, L., & Redman, C. L. (2011). Key competencies in sustainability: a reference framework for academic program development. Sustainability science, 6, 203-218.
Vare, P., Arro, G., De Hammer, A., Del Gobbo, G., De Vries, G., Farioli, F., Kadji-Beltram, C., Kangur, M., Meyer, M., Millican, R., Nijdam, C., Réti, M. et Zachariou, A. (2019). Devising a competence-based training program for educators of sustainable development : lessons learned. Sustainability, 11(7), 1890, 1-21. https://www.aroundersenseofpurpose.eu/documents/Vare_et_al_2019_Sustainability-11-01890-v2.pdf
Article rédigé par Victor Waqué
2 thoughts on “Quelles compétences enseigner à l’école pour répondre aux enjeux écologiques d’aujourd’hui et de demain?”